RDC: Un meilleur avenir pour les enfants de la RD Congo est possible.
Un Etat sans boussole, unique au monde dont les dirigeants sont guidés par la kleptomanie.
Piégée dans un cycle d'incertitude
politique, de récession économique et de violence croissante, la catastrophe
humanitaire est devenue un mode de vie en République démocratique du Congo.
Stimuler la productivité et créer des emplois pour une population majoritairement
jeune est essentiel pour placer le pays sur un chemin différent et plus
prometteur.
La République Démocratique du Congo (RDC) est devenue synonyme d'échec d’un État déboussolé. Aucun pays n'a enduré des conflits plus brutaux, accueilli plus de gouvernements kleptocratiques et corrompus, ou gaspillé plus de richesses en ressources. Piégée dans un cycle d'incertitude politique permanent, de récession économique et de violence croissante sans fin, la catastrophe humanitaire est devenue un mode de vie. Pourtant, un meilleur avenir pour les enfants de la RDC est possible.
La RDC - reste confrontée à des défis. Des
dizaines de groupes armés s'attaquent aux populations locales à travers tout le
pays, principalement à l’Est et au Centre. La violence sexuelle, qui cible
souvent les jeunes filles, est aussi endémique que sous-déclarée. Quelque 4,5
millions d'enfants souffrent de malnutrition, près de la moitié d'entre eux
sévèrement. Moins de la moitié des enfants qui contractent des maladies
potentiellement mortelles comme la pneumonie et le paludisme reçoit un
traitement.
Pire encore, environ un quart des enfants
d'âge scolaire de la RDC ne reçoit aucune éducation. Et ceux qui vont à l'école
le font difficilement, n’ont pas de locaux et s’assoient à même le sol pour
suivre les cours, n’ont pas de livre ou de crayon, et ont du mal à comprendre
le français, la langue officielle d'enseignement.
De plus, la RDC dispose d'un vaste
potentiel économique inexploité. Elle possède plus de la moitié des réserves
connues de cobalt dans le monde (élément-clé des puces informatiques et des
batteries lithium-ion) et environ 80% de l'approvisionnement mondial en coltan
(un métal résistant à la chaleur, utilisé dans les téléphones portables et
autres appareils électroniques). Le pays est également un important producteur
de cuivre, d'or, d'étain, de tungstène et de diamants. Ajoutez à cela des sols
fertiles et une partie du plus grand potentiel hydroélectrique du monde, et la
RDC devrait être une puissance économique régionale, sinon continentale.
Qu'est-ce qui explique le décalage entre le vaste potentiel économique de la RDC et la condition misérable de ses enfants?
Pour commencer, le gouvernement n'a pas
réussi à créer un système fiscal pour mobiliser des ressources pour
l'investissement public dans la santé et l'éducation. En fait, la RDC possède
l'un des ratios recettes / PIB les plus bas du monde, avec des acteurs
étrangers et des intérêts locaux qui pillent le pays.
Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale ont tous deux critiqué la générosité excessive des accords conclus par le gouvernement congolais avec les investisseurs étrangers dans le secteur minier. Le Congo ne recevant que des miettes sur ces contrats tout simplement parce que les caciques du pouvoir ont soit reçu des dessous de tables soit ont des parts dans ces sociétés. Le département du Trésor des États-Unis a accusé un investisseur étranger de gagner 1,3 milliard de dollars, soit plus de cinq fois le total du financement de la santé publique en RDC, par le biais d'opérations «opaques et corrompues».
Le manque de recettes publiques se reflète
directement dans le sous-investissement dans les services publics. Les parents
qui cherchent un traitement pour un enfant atteint de paludisme ou une place
pour cet enfant à l'école doivent payer de leur propre poche - une
impossibilité pour beaucoup. Aussi bondé que soient les classes de l'école
primaire, tous les enfants en âge de scolarité ne fréquentent pas l'école, car
leur famille ne peuvent pas couvrir les frais - environ 10 dollars par
trimestre.
La turbulence politique a encore perturbé
les efforts de développement. L'élection que le président Joseph Kabila était
censé avoir organisé en 2016 est maintenant prévue pour décembre 2018 - un retard
qui a intensifié les griefs contre lui et stimulé la violence.
Plus de 4,5 millions des Congolais refugiés dans leur propre pays.
L'année dernière, quelque deux millions de
personnes en RDC, dont la moitié dans la province centrale du Kasaï, autrefois
pacifique, ont été contraintes de fuir leurs maisons. Le nombre total de
personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays s'élève maintenant à 4,5
millions d'habitants, juste derrière la Syrie dans les conflits actuels, tandis
que 750 000 autres ont fui vers les pays voisins. Ces personnes déplacées et
réfugiés vivent dans des conditions désespérées, sans abri adéquat, sans
nutrition et sans soins de santé, et pratiquement sans accès à l'éducation.
Stimuler la productivité et créer des emplois pour plus de 1,5 million de travailleurs chaque année sur le marché du travail est essentiel pour mettre la RDC sur un chemin différent et plus prometteur. Ici, l'éducation est essentielle. Des opportunités élargies d'apprentissage contribueraient ainsi largement à réduire la pauvreté, d'autant plus que près de la moitié de la population de la RDC a moins de 15 ans. Mais un meilleur accès à l'éducation doit aller de pair avec des stratégies de lutte contre la malnutrition infantile et la mauvaise santé.
L'éducation pour tous et l'offre
universelle de soins de santé sont la clé d'un avenir meilleur pour les enfants
de la RDC. Les progrès exigeront que le prochain gouvernement prenne des
mesures urgentes pour établir une assiette fiscale. Plus immédiatement, à moins
d'une réponse efficace à l'escalade de la crise humanitaire en RDC cette année,
le niveau de souffrance sera immense - et pas seulement dans le pays lui-même.
Comme les pays voisins le savent très bien, ce qui se passe en RDC ne reste
souvent pas en RDC.
Mata POLELE
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