République démocratique du Congo : un pays au bord du gouffre
L’usurpateur Kabila et ses partisans affirment que la RD Congo va très bien.
Le 21 janvier, Therese Kapangala, une Congolaise de 24 ans qui étudiait pour être religieuse, a quitté sa maison à Kinshasa pour aller à l'église de la commune de Kintambo. Thérèse n'est jamais rentrée chez elle. Elle a été abattue par les forces de sécurité à l'entrée de son église, juste après la messe du dimanche. La balle est entrée dans son bras et s'est dirigée vers son cœur. Elle est morte sur le chemin de l'hôpital.
Ce jour-là, beaucoup d'autres personnes, dont Serge Kikunda, Packson Kabadiatshi et Hussein Ngandu, ont également été tués par les forces de sécurité. L’Église catholique et les organisations de la société civile soupçonnent que beaucoup d'autres personnes ont également été tuées par les forces du régime à travers la capitale congolaise le même jour. Mais les responsables congolais affirment que seulement six personnes sont mortes (sic!).
Bien sûr, les écarts énormes dans les estimations des morts sont assez courants en République Démocratique du Congo - le régime répressif essaie souvent de minimiser le nombre de ses victimes.
Pourtant, il y avait quelque chose d'unique dans le récit des événements du 21 janvier par le régime. Cette fois, Kinshasa a non seulement tenté de cacher la violence, mais a aussi tenté de ridiculiser ses victimes, dont Thérèse, Serge, Packson et Hussein, en les traitants de "terroristes".
Si l'on en croit le récit incohérent du ministre congolais de la Communication, Lambert Mende, sur les événements à Al Jazeera au début du mois, on pourrait penser que les victimes de la violence du 21 janvier étaient des fous idéologiques, des terroristes prêts à faire des attentats à la bombe et à tuer les « héroïques » soldats congolais.
Le menteur Lambert Mende affirme: la police "n'a tué aucun manifestant"
Non, sœur Thérèse n'était pas une terroriste ; Serge, Packson et Hussein n'étaient pas non plus des terroristes. Contrairement aux affirmations de Mende, ce sont de jeunes citoyens congolais qui en ont assez d'être réprimés par un gouvernement inefficace des médiocres et des incapables. Ils sont morts parce qu'ils ont osé espérer un avenir meilleur pour la RD Congo. Ils sont morts parce qu'ils ont vécu un Congo radicalement différent de celui que tentent de représenter Lambert Mende et Bruno Tshibala, le Premier ministre inutile des congolais. Tsihibala a récemment déclaré que " tout va bien en RDC ".
Mais non, tout ne va pas bien en RDC. Joseph Kabila a réussi à prolonger son mandat présidentiel, qui a expiré le 28 novembre 2016 ; Les seigneurs de la guerre continuent de gouverner les régions orientales du pays, et les conflits interethniques continuent de sévir dans certaines localités congolaises.
Si les choses ne changent pas, beaucoup plus de citoyens congolais seront inévitablement victimes de l'insensibilité draconienne du régime de Kabila.
La chaîne des événements qui a conduit à la mort de Thérèse a commencé en décembre 2017, lorsque le Comité de coordination laïc de l'Église catholique (CLC), un groupe soutenu par de nombreux prêtres et évêques de notre pays majoritairement catholique, a demandé au gouvernement congolais d’appliquer les accords de Saint Sylvestre.
Accords signés entre le gouvernement et l'opposition un an plus tôt en décembre 2016, en raison de l'incapacité du gouvernement congolais ou même de sa réticence à organiser une nouvelle élection présidentielle, l'accord de St Sylvestre stipulait que :
- Tous les acteurs
politiques congolais respecteraient la Constitution, en notant
spécifiquement la limite de deux mandats en ce qui concerne la présidence ;
- Les élections
présidentielles devaient être organisées au plus tard en décembre 2017 ;
- Les prisonniers politiques devaient être libérés et les exilés politiques devraient rentrer librement chez eux
Considérant que fin 2016, l’usurpateur congolais Joseph Kabila avait déjà fait deux mandats (de 2006 à 2016) en plus de la période de transition de 2001 à 2006, soit un total de 15 ans au pouvoir, l'accord de Saint Sylvestre signifiait que les jours de Kabila au pouvoir étaient comptés. Mais surprise, surprise !
Des milliers de personnes fuient la vague de "violence horrible"
En décembre 2017, le gouvernement congolais n'était toujours pas "prêt" à organiser une élection présidentielle. C'est à ce moment-là que le CTC est devenu une bombe nucléaire contre Kabila. La porte-parole, Leonie Kandolo, et les dirigeants du CTC ont averti que si les conditions de l'accord de Saint Sylvestre n'étaient pas remplies avant le 15 décembre 2017, les gens descendraient dans la rue.
C'est exactement ce qui est arrivé non pas une fois, mais deux fois jusqu'à présent. Le 31 décembre, les catholiques ont défilé à Kinshasa et dans d'autres parties du Congo. Les marcheurs ont été lourdement réprimés et beaucoup d'entre eux ont été blessés et tués. En réaction à la répression brutale des manifestations du Nouvel An, le CTC a appelé à une deuxième marche le 21 janvier. La répression policière a été plus lourde cette fois-ci, entraînant le meurtre de Thérèse, Serge, Packson, Hussein et d’autres personnes.
Deux RD Congo s’affrontent.
Ces jours-ci, il semble y avoir deux Congo existant simultanément. D'une part, il y a le Congo tutsi de Kabila, Mende et Tshibala où « tout va bien » et où les gens peuvent « librement » défier le gouvernement et demander des comptes comme dans un film irréel. D'un autre côté, il y a le vrai Congo du CTC et du peuple congolais où demander de comptes au gouvernement est un acte de défi envers Kabila, et s'exprimer contre la répression peut vous mener en prison, en exil ou dans la tombe.
La porte-parole du CTC, Kandolo, et bon nombre de ses collègues sont maintenant entrés dans la clandestinité, car il existe un mandat d'arrêt contre leurs personnes. Mais, malgré les menaces, le CTC prévoit déjà d'organiser une troisième marche chrétienne le 25 février prochain. Sera-ce la goutte d'eau qui ferait déborder le vase et faire comprendre aux médiocres qu’ils doivent plier bagage ?
Parmi toutes les photos dévastatrices qui documentent les événements du 21 janvier, il en est une qui démontre la réalité de la RDC. Sur la photo, un jeune Congolais est agenouillé dans une rue de Kinshasa. Ses mains sont à mi-chemin dans une pose de prière, ses yeux sont levés dans la révérence, et un chapelet pend de sa main droite. Autour de lui, le chaos se déchaîne, des bombes fumigènes fulminent et un corps inerte se trouve à proximité sur le sol. Pourtant, le protestant catholique agenouillé continue de prier en regardant vers les soldats qui l'attaquent ainsi que son compagnon de combat.
Que faisons-nous de cela ? Dans un pays où les conflits armés ont directement et indirectement causé la mort de millions de personnes, où d'innombrables personnes ont été déplacées et où des milliers d'autres ont fui vers les pays voisins, résister même face à la mort est un acte d'espoir qui montre la primauté de la vie et de la liberté sur la mort et la répression sauvage.
L'instabilité politique actuelle au Congo n'est plus une question confinée dans le coffre de la stabilité et de la sécurité contre la démocratisation et la libéralisation politique. À partir de maintenant, la question la plus pertinente est de savoir si le peuple congolais aura enfin son mot à dire dans la détermination de son avenir politique. Pour le moment, il est fort probable qu'une confrontation continue entre le gouvernement congolais et le CLC continuera d'éroder la légitimité de Kabila, ou ce qu'il en reste. Peuple Congolais TELEMA et bats-toi. La violence des médiocres ne peut te faire reculer, elle doit au contraire, augmenter ton ardeur pour atteindre ton objectif : le départ de Kabila et de son système.
Mata POLELE
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