Les ennemis de la RDC

RDC: La naissance d’un esprit de résistance Congolais.

La naissance d’un esprit de résistance Congolaise

La naissance d’un esprit de résistance Congolais.

Personne ne peut maintenant affirmer que le peuple congolais est amorphe, passif et peureux. Le 31 décembre 2017 et le 21 janvier 2018, il a démontré sa ferme détermination de chasser Kabila du pouvoir malgré la présence de ses soutiens Ruandais, Ougandais et Occidentaux (France, Espagne, USA et Grande-Bretagne). C'est une initiative audacieuse, qui pourrait bien fonctionner: l'Église catholique s'est fermement engagée dans l'arène politique en République démocratique du Congo et cela fait des vagues.

Au cours de l'année écoulée, le pays s'est enfoncé dans une crise politique et l'institution religieuse est progressivement devenue une force avec laquelle il faut compter, capable de mobiliser son influence spirituelle et de menacer sérieusement l'autorité du président Joseph Kabila - si bien que le président a été contraint de tenir sa première conférence de presse en cinq ans vendredi dernier.

"Nous devons organiser des élections comme prévu", a assuré M. Kabila aux journalistes réunis, se référant à la date limite du 23 décembre de cette année, annoncée en novembre. Sa comparution publique surprise fut clairement (mais pas officiellement) en réaction au tollé international qui suivit la violente répression des manifestations organisées par un groupe catholique et soutenues par l'église le 21 janvier.

Condamnation internationale unanime de massacres.

Au moins sept personnes ont été tuées par les forces de sécurité congolaises, dont une jeune femme qui aspirait à devenir religieuse. Au moins 111 ont été arrêtés, parmi eux 12 prêtres. Dans un couvent, les bébés étaient étouffés par des gaz lacrymogènes et nécessitaient des soins médicaux intensifs. L'effusion de sang a été fermement condamnée par l'UA, l'UE et l'ONU.

Du Pérou, où il dirigeait la messe, le Pape lui-même a appelé les catholiques du monde entier à prier pour les manifestants congolais.

Plus important encore, il a mis à nu le fossé entre le régime de Kabila et l'Église catholique, qui demeure l'une des institutions les plus influentes (sinon la plus) du pays.

Pendant des mois à la fin de l'année 2016, l'église a mis sa foi en médiation entre les partisans de Kabila et l'opposition congolaise, espérant éviter une violence généralisée puisque le mandat final de Kabila a pris fin le 19 décembre. Les négociations menées par la Conférence épiscopale nationale du Congo, un collège d'évêques, ont abouti à l'accord de la CENCO qui a été signé le jour du Nouvel An et a inclus la promesse de tenir des élections en 2017. Ceci, bien sûr, n'est jamais arrivé. Le 31 décembre, pour marquer la fin de l'année 2017 et toujours l'absence d'élections, un groupe catholique appelé Comité Laïc de coordination a organisé une manifestation qui a mobilisé plus d'une centaine de paroisses de Kinshasa, la capitale, et plus encore dans tout le pays.

La réaction du gouvernement était brutale. Alors que les chars étaient déployés et que des grenades lacrymogènes étaient jetées dans les églises, le cardinal Laurent Monsengwo a décidé de prendre position contre ce qui prend de plus en plus la forme d'une dictature. Le 2 janvier, dans une adresse puissante à sa congrégation, il a déclaré: 

«Il est temps que la vérité l'emporte sur les mensonges systémiques et que les dirigeants médiocres s'en aillent». 

Maintenant que les gants sont enlevés, il sera difficile pour l'église de se replier sur le rôle diplomatique qu'elle a assumé plus tôt dans la crise. Cela pourrait aller dans un sens ou dans l'autre. Si l'église parvient à galvaniser l'opposition, en s'appuyant sur son influence, ses infrastructures et son réseau inégalé, les événements des dernières semaines pourraient représenter un tournant. Certes, la réaction disproportionnée des autorités aux manifestants catholiques, ainsi que la conférence de presse impromptue de Kabila, tendent à montrer que le régime est intensément conscient de la menace. Il est aux abois.

L’église Protestante Congolaise entre aussi dans la contestation.

Le mouvement de l'église Catholique est également susceptible de faire décider d'autres forces religieuses à choisir aussi le chemin de la contestation. Plus tôt en janvier, le pasteur François-David Ekofo a rejoint la critique dans un sermon à la cathédrale protestante du centenaire. 

"J'aime l'athlétisme, et surtout la course de relais", a-t-il déclaré. "Dans l'histoire de notre pays, il devrait en être de même, nous devrions prendre le témoin et le passer à un autre. "De nombreux responsables de la majorité présidentielle étaient présents, tout comme la femme, les enfants, la sœur et le frère de Kabila. 

D'un autre côté, si l'église est incapable de soutenir son appel et de mener le genre de combat implacable qui sera nécessaire pour faire plier le régime, la position de Monsengwo pourrait bien avoir été la dernière carte qu'elle jouera. Cela laisserait la population congolaise sans personne à qui demander de l'aide. 

Heureusement pour le peuple congolais, l’Église catholique semble ne pas être impressionnée par la Kabilie et est décidée de la poussée, quoi qu'il arrive, qu’il en coute, vers la sortie. Ainsi, le peuple Congolais retrouvera sa liberté confisquée par ses propres hommes politiques depuis plus de 50 ans. Cette privation de liberté collective a été amplifiée depuis 2001 par un pouvoir qui règne contre les intérêts suprêmes de la Nation et des Congolais. Le pays est vendu aux étrangers par ceux-là même qui sont chargés de le protéger. C’est le paradoxe congolais.

Mata POLELE

Imprimer cet article Imprimer cet article Télécharger une version PDF de cet article PDF

Aucun commentaire

Merci de donner votre avis sur cet article.