Les ennemis de la RDC

« Ne jamais trahir le Congo », un avertissement post-mortem de Laurent Désiré KABILA à la SADC.

« Ne jamais trahir le Congo », un avertissement de Laurent Désiré KABILA à la SADC.

L’échec de l’Afrique du Sud et de l’Angola.


L'Afrique du Sud et les dirigeants Angolais n’ont pas été à la hauteur des événements lors du sommet de la SADC à Pretoria le week-end passé. Ils ont fait le choix de trahir le Congo en adoptant, mot pour mot, la position du gouvernement congolais pour ne pas organiser les élections de cette année. Ils ignorent que l’embrasement de la RD Congo amènera sans aucun doute le chaos dans la région.

Le week-end passé, les chefs de la SADC se sont rencontrés à Pretoria pour discuter des problèmes urgents dans la région. Ils l’ont fait sous une nouvelle gérance de l'Angola et de l'Afrique du Sud. L'Angola assumera le leadership de l'Organisme sur la défense de la politique et la coopération en matière de sécurité (OPDSC). L'Afrique du Sud assumera la présidence de la SADC.

Des 13 membres de la SADC, ces deux pays avaient un rôle essentiel à jouer pour influencer les résultats des discussions sur la RDC. Le président José Eduardo dos Santos (les relations comment à se refroidir) et le président Jacob Zuma, ont des bonnes relations avec le président Joseph Kabila. Ils étaient à même de l’amener au respect de notre constitution et des accords de la St Sylvestre.
Cependant, l'Angola et l'Afrique du Sud sont actuellement confrontées à des changements domestiques sismiques qui les ont éloignés des événements qui se déroulent en RDC. Le 23 août - les Angolais vont aux urnes pour remplacer José Eduardo dos Santos, après 38 ans de pouvoir sans partage. Le soutien de longue date de José Eduardo dos Santos, le député du MPLA João Lourenço prendra le pouvoir. Mais il reste l’incertitude quant à la façon dont le nouveau président est susceptible de faire face au pouvoir dynastique de la première famille, qui occupe des positions stratégiques de richesse et d'autorité sur les ressources du pays.

En Afrique du Sud, la position du président Zuma n'a jamais été aussi précaire. Le 8 août, il a survécu à son huitième vote de méfiance – qui s’est déroulé pour la première fois en scrutin secret – qu’il a gagné de justesse. Le résultat final montre une forte dissidence du parti puisque environ 15 % des députés du Congrès national africain (ANC) ont voté pour la motion.

L'ANC est fracturée, et la lutte contre les factions risque de progresser avant le congrès électoral du parti en décembre 2017 qui décidera du successeur de Jacob Zuma. Beaucoup d'analystes doutent qu'il reste longtemps président de l'Afrique du Sud.

Une tragédie imminente.


Malgré ces développements pressants, il est impératif que les dirigeants régionaux ne perdent pas de vue que la tragédie est de nouveau imminente en RDC et que la complaisance de la SADC vis-à-vis du régime KABILA va y contribuer.

L'opposition Congolaise appelle le Président Kabila à organiser des élections – qui était censée avoir lieu en décembre 2016. Les citoyens congolais continuent à payer de leur vie les demandes d’organisations des élections. En septembre 2016, 100 personnes sont mortes à Kinshasa lors d'affrontements avec la police pour protester contre l'annonce gouvernementale que les élections ne seraient pas tenues en décembre 2016. Maintenant, en août 2017, les rapports circulent au sujet de la mort de 14 personnes – membres du groupe Bundu Dia Kongo – tués par les forces de sécurité de l'État dans la capitale.

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme a publié le rapport au début - août, qui a révélé que plus de 250 personnes, y compris 62 enfants de, ont été tuées en RDC entre la mi-Mars et la mi-Octobre, principalement dans le Kasaï par les services de sécurité de l’État.
Lors d'une mission ministérielle en RDC en avril 2017, la Troïka de la SADC – n’a pas été capable de condamner clairement les massacres en RDC dont les auteurs principaux sont connus. La troïka de la SADC a fait une déclaration a minima qui « a condamné l'escalade de la violence et de l'insécurité dans les provinces du Kasaï… et encouragé le gouvernement de renforcer la capacité et la présence des institutions publiques locales ».

Dans le même communiqué, les ministres de la SADC ont félicité le Président Kabila pour ses efforts pour pousser le processus politique en RDC vers des élections. Pourtant, en juillet, le chef du corps électoral de la RDC a annoncé qu’il n’y aura pas des élections en décembre 2017. Malgré ce énième report des élections, les ministres de la SADC ont trouvé le moyen de féliciter KABILA et son gouvernement pour leur immobilisme et inaction pour ne pas organiser les élections.

La SADC se décrédibilise aux yeux des Congolais et de l’Afrique.


Qui peut encore croire à la rhétorique de la SADC visant à favoriser l'intégration régionale, à encourager le multilatéralisme et à créer des institutions solides ? La SADC est encore largement motivée par la volonté des dirigeants politiques à se protéger mutuellement, individuellement au détriment de leurs populations respectives. L'Afrique du Sud et l'Angola ont failli à leurs missions de mener la région vers plus de démocraties intérieures, et la SADC a perdu son engagement de traiter, par des moyens pacifiques, les crises dans la sous-région.

L'organisation régionale devrait s'intéresser davantage aux événements qui se déroulent en RDC et à surmonter l'impasse concernant le transfert du pouvoir de Kabila en prenant de décisions courageusement en se basant sur les aspirations du peuple congolais. Un traitement pacifique de l’équation congolaise aurait fait grandir la SADC et aurait augmenté son importance aux yeux des populations de la sous-région australe, et aussi de toute l’Afrique. Malheureusement, en adoptant les positions pro KABILA, la SADC vient de montrer son inutilité comme l’ensemble des institutions Africaines.

Les dirigeants de la SADC, sous l’impulsion de l’Angola et de l’Afrique du Sud, ne se sont pas rappelé les mots du président Laurent Kabila à Kinshasa : "Ne Jamais Trahir le Congo". Le monde et le Congo ont toujours eu une histoire commune. La chute du Congo au début des années soixante avait engendré une instabilité mondiale à l’époque. Les soubresauts du Congo, de 1998 à 2001, avaient paralysé toute la sous-région.

Trahir la RDC, c’est se trahir lui-même.


La SADC en trahissant la RDC à Pretoria, a mis de l’huile sur le feu, qui embrasera toute la région et dont la solution ne pourra que venir de l’extérieur de la sous-région. Les dirigeants défaillants de la SADC n’auront alors pas honte de crier à l’ingérence dans les affaires d’un état souverain, alors qu’ils avaient eu l’opportunité de les traiter. Ceux qui trahissent la RDC, en réalité, se trahissent eux-mêmes car le retour de la flamme les rattrape forcément.
L’Occident en trahissant la RDC par l’assassinat de Patrice Emery Lumumba, a déstabilisé l’Afrique pendant près des 5 ans. Le même occident en faisant assassiner Laurent Désiré KABILA a déstabilisé l’Afrique Centrale et Australe et n’arrive pas à éteindre le feu, 17 ans après. Voilà pourquoi, il ne faut pas trahir la RDC comme le disait Laurent Désiré KABILA. Les conséquences sont toujours imprévisibles et vont, à chaque fois, au-delà de la seule RDC.

Comme l’avait dit Frantz FANON, l’Afrique a la forme d’un revolver dont la gâchette se trouve au CONGO KINSHASA. L’histoire nous a montré que l’instabilité de la RDC a toujours entraîné celle de l’Afrique dans sa globalité car, qu’on le veuille ou pas, la RDC se trouve au carrefour de plusieurs civilisations et de plusieurs intérêts politico-économiques, qui en font un maillon important pour la stabilité de l’Afrique et partant du monde. 

Mata POLELE


Imprimer cet article Imprimer cet article Télécharger une version PDF de cet article PDF

Aucun commentaire

Merci de donner votre avis sur cet article.