Trump va-t-il sauver KABILA ? Comment expliquer son silence sur la RDC ?
L’Europe de MACRON agit, l’Amérique de TRUMP reste silencieuse.
Fin 2016, le Congo était au bord d'un
bouleversement violent. Autour et grâce à la CENCO, les hommes politiques
congolais ont trouvé un compromis pour apaiser les tensions et ne pas verser
inutilement le sang de Congolais. L'accord négocié par l'église a appelé à de
nouvelles élections en 2017 dans lesquelles M. Kabila, qui est
constitutionnellement empêché de briguer un troisième mandat, ne participerait
pas et un nouveau Premier ministre serait choisi par la coalition de
l'opposition.
Plus de cinq mois plus tard, l'accord semble s'est effondré - et le Congo est de nouveau au bord de l’implosion. Kabila, qui n'a jamais signé ou approuvé publiquement l'accord, s'est retiré dans son isolement habituel envoyant ses forces de sécurité faire une répression violente et féroce contre les protestataires. Comme l'a signalé le Wall Street Journal, des forces gouvernementales ont tué quelque 180 personnes depuis le 31 décembre, et des centaines dans la province de Kasaï-Central, le bastion de l'opposition de l’Union pour la démocratie et le progrès social UDPS.
Une vidéo diffusée par des groupes de défense des
droits de l'homme en mars dernier a montré le massacre par des soldats du
gouvernement d'au moins 13 personnes, dont plusieurs femmes. Les forces
gouvernementales ont tué directement ou indirectement, en instrumentalisant la
milice Kamwina Nsapu, des centaines de kas sains.
Le Conseil de sécurité de l'ONU. a condamné les
violences dans le grand KASAI, qui, selon lui, pourrait constituer des crimes
de guerre. Il a demandé au gouvernement congolais de relancer les discussions
sur la mise en œuvre de l'accord du 31 décembre. Lundi 29 mai, l'Union
européenne a pris de nouvelles sanctions ciblées contre 9 personnalités de la
kabilie qu’elle accuse d’être "responsables des violations graves des
droits de l'homme, d'incitation à la violence ou d'obstruction à un règlement
pacifique de la crise".
La réponse de l’Union Européenne est salutaire,
mais il est peu probable qu'elle réussisse à moins qu'elle ne soit pleinement
appuyée par les États-Unis. L'administration Obama a joué un rôle important
dans la pression sur le régime de Kabila, punissant certains de ces principaux
dirigeants pour avoir participé aux violations des droits de l'homme. Ce qui ne
semble pas le cas pour l’administration TRUMP.
TRUMP va-t-il sauver KABILA ? Si oui jusqu’à quand ?
Cependant, l'administration Trump a montré et
montre peu d'intérêt à promouvoir la démocratie et les droits de l'homme en
Afrique et dans le monde. La réaction du département d'État aux massacres de
Kasaï était une déclaration superficielle et timide. Aucune condamnation
claire. La seule action liée au Congo de la Maison-Blanche de TRUMP a été un
projet d'ordonnance provisoire visant à lever les contrôles sur le commerce des
minerais qui ont servi et qui servent encore à financer des groupes armés en
RDC.
La réaction de l’administration TRUMP sur l’assassinat de l’américain M. SHARP, enquêteur de l’ONU en RDC, est aussi timide. Aucune menace claire contre les commanditaires de l’assassinat de leur concitoyen. Cela paraît un peu étrange. Le silence de TRUMP sur ce qui se passe en RDC, conforte KABILA à se cramponner au pouvoir et à ne rien céder à l’opposition.
TRUMP en bon homme d’affaire semble être guidé que
par des considérations purement commerciales avec ses partenaires. Il semble
être moins regardant sur les droits de l’homme et l’éthique dans ses rapports
avec les autres États. Dans ces conditions, il peut servir de bouée de
sauvetage à KABILA. L'administration TRUMP devrait rapidement déclarer sa
disponibilité à rejoindre ou pas les nouvelles sanctions européennes contre les
officielles congolaises...
Kabila peut parier sur l’inertie de M. Trump. Mais
s’il utilise la force d’une façon disproportionnée pour rester au pouvoir les
Américains le laisseront-ils faire ? L'intransigeance de Kabila, à se
cramponner au pouvoir, risque de faire exploser la RDC et aussi l’Afrique
centrale.
Mata POLELE
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