CONGO KINSHASA : les deux erreurs majeures du Rassemblement. Revenir aux fondamentaux de l'opposition.
Des objectifs initiaux nobles mais trahis par le Rassemblement.
Après une analyse froide de la situation politique de notre pays
depuis la création du Rassemblement à GENVAL en juin 2016, nous sommes arrivés
à une conclusion qui contraste avec l'immense espoir né avec la naissance de
cette structure. Pour la première fois, l’opposition congolaise dans sa plus
grande majorité, s’est réunie autour d’Étienne TSHISEKEDI pour faire barrage à
KABILA. L’espoir suscité était grand.
Grâce au soutien massif de la population et au vent du changement qui soufflait à travers le pays depuis janvier 2015 date à laquelle les Congolais ont empêché KABILA à modifier la constitution, le RASSOP avait carte blanche pour atteindre son seul objectif qu’il s’était fixé à sa création : le départ de KABILA le 19 décembre 2016 à minuit.
Cet objectif initial avait le mérite d’être clair et avait
l’adhésion du peuple congolais lassé et humilié par le pouvoir en place. Après
GENVAL, il y avait une seule rhétorique dans la bouche de nos hommes politiques
de l’opposition :
- pas de dialogue
- Pas de partage de pouvoir et de postes
- KABILA devrait dégager le 19 décembre à minuit
Ces slogans étaient martelés à longueur des journées et dans toute
la presse écrite, parlée ou en ligne. Le pouvoir était sous pression et
commençait à vaciller face à l’unité de l’opposition et au soutien massif et
sans failles qu’elle recevait de la population congolaise et de la communauté
internationale.
Le Rassemblement a commis deux erreurs majeures.
La première erreur, qui avait occasionné la première fissure et
les premières trahisons est venue de KAMERHE et de BADIBANGA qui, en acceptant
le dialogue de KODJO en octobre 2016, avaient donné les premières béquilles aux
kabilistes.
En réussissant à’organiser le dialogue de KODJO, KABILA avait assené le premier grand coup de massue à l’opposition de GENVAL. Le dialogue que toute l’opposition à l'unanimité rejetée, lui était accordé par une frange de cette même opposition. La grande unité de GENVAL s’était fissurée. C’était la première victoire de KABILA sur la grande opposition de GENVAL.
Le Rassemblement, se sentant floué et dribblé par KAMERHE, BADIBANGA
et le pouvoir, se lança dans une course en avant en réclamant à son tour et en
l’obtenant, un deuxième dialogue. C’est la deuxième erreur de l’opposition. Les
mêmes causent produisent toujours les mêmes effets. C’est une loi des sciences
exactes qui se vérifie à tout moment. À l'issue de ce deuxième dialogue, ce qui
restait du Rassemblement de GENVAL, éclata de nouveau.
L’arme des postes ministériels et de la primature pour faire exploser le Rassemblement.
En RDC, depuis toujours et surtout depuis 2001, tout dialogue
politique se termine par un partage de postes ministériels et de certaines
entreprises de l’État. C’est la stratégie de KABILA pour acheter les âmes, les
corps et les consciences de membres de l’opposition afin qu’ils le laissent
tranquille à la tête du pays. Le piège de postes et du partage de pouvoir avait
donc réussi à diviser les opposants de GENVAL et aussi à les décrédibiliser
vis-à-vis de l'opinion tant nationale qu'internationale. C’est la grande
victoire de KABILA.
Manque de démocratie interne et le flou dans le partage du pouvoir et des postes au sein du Rassemblement.
L’UDPS et le G7 avaient décidé de se partager les postes
essentiels du pouvoir et du Rassemblement. A l’UDPS Félix TSHISEKEDI, la
primature et la présidence du Rassemblement (poste inexistant du vivant
d’Étienne TSHISEKEDI), au G7 Pierre LUMBI, la présidence du Conseil National du
suivi des accords. Les autres composantes du Rassemblement, récusèrent se
partage et la personnalité de Pierre LUMBI, qu’elles jugeaient ambiguë et
proche de KABILA. Le pouvoir aussi récusa Félix TSHISEKEDI et Pierre LUMBI.
La grande bataille pour les postes du Premier ministre et de ses
ministres ainsi que de celui du président du CNSA sonna le glas du
Rassemblement tel qu’Étienne TSHISEKEDI nous l’avait laissé. Toutes les grandes
composantes du Rassemblement, voulaient avoir ces postes. Aucun groupe n’était
prêt à céder.
Voilà comment le deuxième dialogue voulu par le Rassemblement l’avait tué par implosion. Le partage de postes a eu raison du Rassemblement. L’appât du gain et des intérêts égoïstes, avaient été un poison mortel pour le Rassemblement.
En réalité le Rassemblement s’était tiré, lui-même, plusieurs
balles dans ses pieds qui le rendent jusqu'à aujourd'hui boiteux, handicapé. Il
a trahi les objectifs qu’il s’était lui-même fixé lors de sa création à savoir
: pas de dialogue avec Kabila, pas de partages de poste avec lui et surtout pas
une seconde de plus pour lui au-delà du 19 décembre 2016.
Alors première question. Pourquoi avoir changé de tactique en
demandant un deuxième dialogue avec KABILA tout en sachant le risque de
division que cela comportait ? Avant le premier dialogue, le Rassemblement nous
disait et le martelait à longueur des journées, que le dialogue était un moyen
choisi par KABILA pour obtenir le glissement et se pérenniser au pouvoir. En
connaissance des causes, le Rassemblement avait préféré trahir le peuple pour
des intérêts cachés et égoïstes.
Une deuxième question, pourquoi s’être battu à mort pour obtenir
les postes de Premier ministre et de président du CNSA ? Avant le dialogue, le
Rassemblement n’arrêtez pas de nous répéter qu’il n’était pas pour le partage
de postes et que c’était aussi un moyen que KABILA utilisait pour acheter les
consciences et se pérenniser au pouvoir.
Vous pouvez lire aussi ceci : « Le meilleur allié de Kabila c’estl’opposition Rd congolaise. »
Fallait-il vraiment se battre pour la primature jusqu’à faire capoter les accords de la CENCO ?
Pour notre part, nous pensons, qu’obtenir la primature n’allait
rien changer au vécu quotidien des Congolais. Le pouvoir en RDC ne se gère pas
à la primature mais au palais de la nation. Le pouvoir en RDC se trouve aux
mains de KABILA, pas de celles du Premier ministre, fut-il Étienne TSHISEKEDI.
Il se serait sali dans l’exercice de ses fonctions. Le pouvoir ne l’aurait
jamais laissé gérer le pays comme il aurait souhaité.
Le Rassemblement doit retrouver les fondamentaux de sa création.
En s’écartant de ses objectifs initiaux, le Rassemblement à
creuser son propre tombe. Il s’est trompé de combat et doit maintenant se
ressaisir en retrouvant ses fondamentaux. Ne plus tomber dans le piège d’un
énième dialogue.
Ne plus tomber dans le piège de partage de pouvoir et de postes, subterfuges utilisés par le pouvoir pour acheter et corrompre les consciences. Se focaliser sur un seul objectif : le départ de KABILA au plus tard le 31 décembre 2017 en mobilisant en permanence la population.
La guerre des postes ne fait que pérenniser KABILA au pouvoir tout
en divisant l’opposition. Tout ce qui retarde l’application de l’accord de la
CENCO, favorise KABILA.
Mata POLELE
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