RD Congo: Kamuina Nsapu, plus de 400 morts pour rien.
Les charrues avant les bœufs
Le gouvernement congolais après avoir embrasé le Kasaï central par son
refus incompréhensible de reconnaitre le pouvoir coutumier du Chef Kamuina
Nsapu, fait maintenant marche arrière. Il s’apprête à reconnaitre
officiellement son successeur. Fallait-il embraser près de 5 provinces de la
RDC et comptabiliser plus de 400 morts avant de reconnaitre la force réelle de
nos chefs coutumiers ?
Pourquoi avoir refusé de reconnaitre le chef coutumier Kamuina Nsapu ? Pourquoi l’avoir abattu ? Qui va alors indemniser les familles de plus de 400 morts civils et la soixantaine des militaires tombés dans ce conflit crée de toutes pièces par KINSHASA ? Les responsabilités des uns et des autres doivent être établies.
Comme d’habitude, KINSHASA a commencé par minimiser le degré de
résistance des villageois de Kamuina Nsapu. Il a voulu le mater en assassinat
leur chef et en envoyant des escadrons de la mort en direct de KINSHASA. La
sauvagerie des escadrons de la mort venus de KINSHASA a radicalisé les
villageois qui ont organisé la résistance. Le pouvoir central qui a très mal
géré ce conflit a été à la fois surpris et dépassé par la tournure qu’avaient
prise les événements.
Quand le pouvoir a pris conscience de l’impasse dans laquelle il s’est enfermé, c’était déjà trop tard. Près
des 5 régions étaient déjà enflammées. Les morts se comptaient déjà par
centaines. Les escadrons de la mort n’étaient plus capables de contrôler la
situation. Il fallait maintenant négocier car la répression militaire n’a fait
qu’attiser le feu en le répandant dans d’autres régions. Combles d’ironie pour
le pouvoir central, les insurgés ne demandent plus, la reconnaissance du
pouvoir de leur chef coutumier, mais le départ pur et simple de Kabila.
Le pouvoir reconnaît implicitement son erreur
C’est dans ces conditions que le vendredi 14 avril, le corps du chef
coutumier Kamuina Nsapu a été déterré et remis à sa famille pour des rites
funéraires correspondant à leur tradition. L’enterrement a eu lieu le lundi 17
avril 2017. C’est une grave erreur du pouvoir central qui, après avoir
assassiné le chef Kamuina Nsapu, l’a enterré comme un vulgaire voyou.
Cette façon de procédé a exacerbé l’hostilité et la défiance des combattants Kamuina Nsapu. Ils ont commencé à exiger l’exhumation de son corps pour un enterrement digne au regard de son statut de chef coutumier.
Sa famille a désigné monsieur Kabeya wa Ntumba pour le succéder. Le
nouveau chef sera intronisé à Kananga et adoubé par le pouvoir central. Un
arrêté du ministre de l'Intérieur va sceller cette intronisation en guise de
reconnaissance de son autorité.
Le nouveau chef Kabeya wa Ntumba a lancé un appel au calme dans la
région. Mais les germes de la haine et de la défiance à l’autorité se sont
répandus au-delà des villages dont sa voix pouvait porter. Sera-t-il entendu ?
Rien n’est moins sûr car si pour les combattants de Kamuina Nsapu, les
revendications ont été en grandes parties satisfaites, pour les autres régions,
ce n’est pas le cas. Le pouvoir a encore du pain sur la planche. La nature des
revendications a évolué, pas facile à satisfaire car elles concernent le départ
du pouvoir de l’homme de KINGAKATI.
S’il y a un enseignement à tirer de ce conflit, la force brute ou brutale
ne paye jamais. Un pouvoir qui utilise la force à tort et à travers est un
pouvoir qui creuse sa propre tombe. On ne négocie pas avec les morts, on
négocie avec les vivants. Le pouvoir aurait dû négocier, dès le départ, avec
Kamuina Nsapu et on aurait pu éviter nos 400 morts.
Mata POLELE
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