Felix Tshisekedi face à son destin
Depuis le décès de
son père, cette question taraude les Congolais et les chancelleries
occidentales qui s’intéressent à la RD Congo. Felix a vécu dans l’ombre de son
père. Qui le protégeait et le préparait à sa succession. Bien que ce n’était
pas officiel. Pour éviter les critiques non seulement des autres membres de
l’UDPS mais aussi de leurs adversaires politiques. Pour ne pas, enfin, donner
l’impression que l’UDPS serait une dynastie dans laquelle le pouvoir se
transmettrait de père en fils.
Avec cette éviction de Mavungu, Félix avait maintenant le champ libre. Avec la bénédiction et l’oint de son père qui venait de l’adouber en écartant Mavungu de son chemin. Il devenait ipso facto, le dauphin officiel de son père. C’est donc tout naturellement, sans même forcer, qu’il prit les rênes de l’UDPS au décès de son père. Le moment venu, le congrès de l’UDPS va valider officiellement sa prise de pouvoir.On a senti, depuis 2013 avec la maladie d’Étienne, Felix prendre de plus en plus d’espace au sein de l’UDPS. Bien que n’étant pas porte-parole officiel de son père ni de l’UDPS, il parlait de plus en plus en leurs noms. Cela finit par agacer Bruno Mavungu qui pensait être le dauphin statutaire d’Étienne. Cette guerre, en sourdine, non déclarée entre Mavungu et Félix, finit par la victoire de ce dernier. Mavungu fut écarté de l’UDPS malgré sa loyauté au père fondateur.
Le Rassemblement a
vite compris que l’UDPS était le seul Parti populaire en RD Congo. C’est le
plus grand parti politique congolais. Qui contrôle l’UDPS doit aussi contrôler
le Rassemblement. C’est aussi tout naturellement, et sans forcer, que les
autres partis du Rassemblement le désignèrent pour remplacer feu son père. Ce
sont de lourdes responsabilités sur ces épaules. De la cohésion du
Rassemblement dépendra la victoire finale pour le départ de KABILA.
Autant Étienne était
persuadé pendant longtemps qu’il pouvait prendre le pouvoir seul, seulement
avec l’appui du peuple, autant Félix est persuadé qu’il faudrait composer avec
les autres partis tout en s’appuyant sur la force populaire pour prendre le
pouvoir. Félix ne veut pas refaire les mêmes erreurs que son père qui lui mena
à l’impasse.
Il a réussi à faire
accepter certains Ex-kabiliste à son père.
Mais, quand on sait la versatilité de l’homme politique congolais, son incohérence doublée de son manque de conviction maladive, cette stratégie paraît risquée et hasardeuse. Le cas de Kamerhé est frappant. Pendant des mois, pour ne pas dire des années, Kamerhé avait réussi à se faire passer pour un des opposants congolais les plus crédibles. Il a même déclaré, à l’époque à la presse, que Kabila pour glisser, doit marcher sur les dépouilles des Congolais. Il a réussi à rouler dans la farine un grand nombre de nos compatriotes.Qui l'eût cru, il y a à peine quelques années, voir Étienne Tshisekedi, composer avec Kiungu et Katumbi par exemple ? Pour Felix, seule la sincérité compte dans le combat. On peut avoir travaillé avec le diable et changer de direction après. Seules les dispositions du cœur du moment et la sincérité de la lutte politique comptent pour lui.
En décembre 2016, à
la fin de mandat de Kabila, pendant que ce dernier était dans l’agonie, Kamerhé
lui servira non seulement de béquilles pour ne pas tomber, mais aussi et
surtout un traitement qui lui permettra de guérir. L’homme a fait une
volte-face de 360 degrés. Les Congolais étaient estomaqués, éberlués. Kamerhé
qui refusait corps et âme le dialogue, devenait soudain le chantre de la paix.
Il est rentré, dans son camp naturel : le pouvoir.
En s’alliant avec
les Ex-kabiliste, Felix Tshisekedi doit faire attention. Il doit rester prudent
en permanence car mise à part notre créateur, personne ne sait les intentions
cachées des uns et des autres. Nous ne doutons pas de la sincérité du combat
des Ex-kabiliste. Mais la jurisprudence Kamerhé ne nous pousse pas à leur
donner un chèque en blanc. En permanence, ils doivent nous prouver qu’ils sont
loyaux dans la lutte pour l’alternance en RDC.
Enfin, Félix tisse aussi son réseau avec les chefs d’État africains au pouvoir actuellement. Chose que son père ne faisait presque pas. Il les considérait pour la plupart illégitimes. Félix leur fait confiance.
Félix Tshisekedi
réussira son pari s’il réussit à mieux contrôler les ex-kabiliste et les autres
opposants du ventre qui rôdent autour du Rassemblement. Il doit rester
au-dessus de la mêlée et se servir du peuple comme seul garent de sa
légitimité. C’est dans cette seule condition qu’il va réussir là où son père a
échoué.
Mata POLELE
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