Les ennemis de la RDC

RD Congo : Les États-Unis et l'UE devraient étendre les sanctions ciblées

RD Congo : Les États-Unis et l'UE devraient étendre les sanctions ciblées

Augmenter la pression sur ceux qui se sont illégalement enrichis sous le règne de Kabila.


Les États-Unis et l'Union européenne devraient étendre leurs sanctions ciblées aux membres de la famille du président Joseph Kabila et aux associés financiers qui ont bénéficié d'activités illicites en République démocratique du Congo, ont annoncé hier sept ONG congolaises et internationales. Les sanctions devraient viser les personnes impliquées dans la corruption, l'utilisation abusive des fonds gouvernementaux, le blanchiment d'argent ou la fraude afin de tuer la dissidence pacifique, retarder indûment les élections ou maintenir le pouvoir de Kabila au-delà de la limite de deux mandats constitutionnels.

Le Groupe de contact international pour la région des Grands Lacs d'Afrique, qui comprend les États-Unis, l'UE et les Nations Unies, se réunira le 12 octobre 2017 à La Haye pour discuter de l'impasse politique en RDC et de graves problèmes humanitaires et de sécurité.
"Les partenaires internationaux de la RD Congo devraient montrer à Kabila qu'il y a de véritables conséquences pour son régime illégal et illégitime en imposant des sanctions aux membres de sa famille et aux associés financiers qui se sont illégalement enrichis en bénéficiant de son pouvoir inconstitutionnel et illégitime", a déclaré Ida Sawyer, directrice de Human Rights Watch. "Attendre plus longtemps ne fera qu'encourager le recours par Kabila à la violence, à la répression et au vol pour rester au pouvoir, et le peuple congolais continuera à payer le prix le plus élevé".
L’allocution de Kabila à l'Assemblée générale des Nations Unies en septembre n'a pas donné d'indication qu'il va quitter le pouvoir. Les rapports de ses réunions privées avec divers fonctionnaires étrangers à New York ne suggéraient pas non plus qu'il s'apprêtait à abandonner le pouvoir.

L’argent rend Kabila aveugle et lui retire toute sa lucidité.


Le refus de Kabila de se retirer peut en partie s'expliquer par la fortune considérable que sa famille et lui ont accumulée depuis leur arrivée au pouvoir, ont indiqué les groupes de défense des droits de l’Homme. Des rapports récents, du Congo Research Group de l'Université de New York et de Bloomberg, montrent comment Kabila et ses proches ont des participations dans plus de 80 entreprises dont les revenus totalisent des centaines de millions de dollars depuis 2003. 
Les rapports montrent également comment les grands groupes miniers, l'énergie et les télécommunications au Congo sont gérés exclusivement par Kabila et ses plus proches alliés, avec des membres proches de la famille et des conseillers exigeant souvent des pots-de-vin aux entreprises qui cherchent à faire des affaires dans le pays.
Pendant ce temps, des centaines de millions de dollars payés par les sociétés minières à des organismes publics ces dernières années ont "disparu" donc volé, ne parvenant jamais à la trésorerie nationale, selon un rapport de Global Witness.

Le coût énorme des élections proposé par le gouvernement - avec des estimations allant de 800 millions de dollars à 1,8 milliard de dollars, soit environ 20 % du budget annuel actuel du Congo - semble également avoir créé des opportunités de mauvaise gestion et de corruption possible. Jean-Jacques LUMUMBA, documents à l’appui, montre que les représentants de la CENI, participent aussi à la dilapidation de l’argent prévu pour les élections.
"Pour le gouvernement congolais prétendre qu'il n'a pas l'argent pour organiser des élections, c'est cynique à l'extrême, étant donné que Kabila et ses associés se sont enrichis sur le dos du peuple congolais", a déclaré Anneke Van Woudenberg, directrice exécutive de Droits et Responsabilité dans le développement (RAID).
Depuis juin 2016, les États - Unis et l'UE ont imposé des sanctions ciblées, y compris des interdictions de voyage et des gels d'actifs, à 17 personnalités congolaises, principalement des hauts responsables des forces de sécurité et des représentants du gouvernement. Ces sanctions semblent avoir aidé à changer le comportement et à affecter le calcul de certains hauts fonctionnaires.

Pourtant, l'absence de réforme politique significative combinée à une insécurité croissante montre qu'une pression internationale accrue sur Kabila, en particulier par le biais de sanctions ciblées élargies, est nécessaire, ont indiqué les ONG.
Les groupes ont exhorté les États-Unis et l'UE à déclarer publiquement quels biens ont déjà été gelés en vertu des sanctions existantes, afin de montrer les conséquences de ces mesures. Les membres du Groupe de contact devraient enquêter et poursuivre en justice les entreprises et les personnes relevant de leur juridiction, quelle que soit leur nationalité, qui participe illégalement à la corruption, au blanchiment d'argent ou à la fraude en RD Congo.
Les membres du Groupe de contact devraient également travailler avec les dirigeants régionaux pour faire pression sur Kabila pour qu'il quitte la présidence d'ici la fin de 2017 et pour signaler clairement que Kabila lui-même sera sanctionné s'il ne quitte pas de lui-même le pouvoir et sans effusion de sang. Ils devraient soutenir les consultations pour déterminer la gestion et la direction d'une brève transition post-Kabila dirigée par des individus qui ne peuvent pas se présenter eux-mêmes, comme proposé récemment par les leaders de la société civile et les représentants de l'Église catholique. Les partenaires internationaux et régionaux du Congo devraient activement surveiller et soutenir le processus, y compris un transfert pacifique du pouvoir et l'organisation d'élections justes et crédibles, ont indiqué les ONG.

Mata POLELE


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