La main de KIGALI à Bujumbura et à Kinshasa. Paul Kagame tisse sa toile.
Paul Kagame veut contrôler Bujumbura comme il contrôle Kinshasa.
Les acteurs internationaux sont de plus en plus préoccupés par le fait que Kigali exacerbe les conflits internes au Burundi pendant qu’une crise massive des réfugiés est hors de contrôle. Environ 600 000 Burundais – près de 5 % de la population - ont fui vers le Rwanda, la Tanzanie et le Congo Kinshasa voisins. Le soutien apparent du président Paul Kagamé au président Joseph Kabila est également source de préoccupation compte tenu de l’instabilité chronique de la RDC.
Le Rwanda cause de céphalées à la communauté internationale et au peuple Congolais depuis 2013, lorsqu'il a pris les commandes de la ville de Goma, à travers la milice M23. Seuls les appels diplomatiques de dernières minutes soutenus par des menaces de sanctions et des réductions d’aides de bailleurs de fonds internationaux ont fait reculer le président Paul Kagamé pour quitter Goma.
La déstabilisation permanente de la RDC permet au Rwanda de contrôler l’Est de notre pays. Le gouvernement Rwandais élabore des plans pour sécuriser de nouvelles sources de devises étrangères. L'exportation de cassitérite pourrait s'avérer être le meilleur pari à court terme. Le Rwanda se plaignait depuis longtemps que les contrôles américains « Dodd-Frank Wall Street Reform » et « Consumer Protection Act » sur les « minerais de guerre » constituent un obstacle sévère aux exportations rwandaises des minerais, puisque beaucoup d'entre eux viennent frauduleusement du Congo Kinshasa.
Si, comme prévu, le président Donald Trump supprime ou allège ces deux lois, le Rwanda serait en mesure d'obtenir une augmentation exceptionnelle des exportations de minerai qu’il pille en RDC. En 2015-2016, les produits miniers ont généré 94 millions de dollars en devises étrangères et Kigali affirme que les bénéfices pourraient facilement atteindre 400 millions de dollars en un an si les restrictions américaines sont levées.
Déstabiliser les pays voisins pour mieux les contrôler.
Le Rwanda est aussi accusé de recruter des combattants dans les 100 000 réfugiés burundais qu'il accueille et de les renvoyer au Burundi pour mener des opérations de renseignement et des attaques militaires. Quelque 25 000 réfugiés burundais sont à Kigali seulement, selon les estimations officielles. Certains analystes avancent que le chiffre réel pourrait être deux fois plus élevé et les intrus causent des pressions énormes sur le logement et les services publics Rwandais.
Les troubles au Burundi ont augmenté massivement depuis que le président Pierre Nkurunziza a décidé de briguer un troisième mandat inconstitutionnel, et un coup d’État contre lui avait échoué en mai 2015. En janvier 2016, l’ambassadeur des États-Unis à l'ONU Samatha Power a fâché Kigali en disant, lors d'une visite à Bujumbura : « Nous croyons que les rapports d'implication rwandaise sont crédibles et nous avons exercé des pressions publiques et privées sur le Rwanda pour qu’il arrête de déstabiliser davantage la situation.
Les objectifs stratégiques de Kagame au Burundi sont connus. Il veut, selon des diplomates, vouloir simplement des troubles et de l'instabilité, ce qui peut aussi être le motif de son soutien apparent au président Kabila. Kagame veut, se positionner comme la seule personne qui peut traiter avec un Kabila récalcitrant, qui résiste à toute pression pour organiser des élections depuis longtemps.
Si le Rwanda reste une île de stabilité au milieu du chaos de l'est du Congo Kinshasa et du Burundi qui est au bord de la guerre civile, le raisonnement est simple. Kagame veut accroître sa valeur auprès de l'Occident en tant qu'allié stratégique et détourner toute critique sur ses politiques intérieures. Il veut apparaître comme le seul pôle de stabilité de l’Afrique de l’Est et Centrale et veut demeurer le seul interlocuteur crédible de cette région.
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