RD Congo : pourquoi l’Angola a-t-il les yeux tournés vers KINSHASA ?
Pourquoi l'Angola s'intéresse-t-il à la RDC ?
Dans les boîtes de nuit
de Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, les publicités
sont partout pour la bière congolaise. De Primus, l'une des plus grandes
marques, avec son label aux couleurs du drapeau national, à Mützig, la bière
allemande, il y a un large choix qui serait enviable dans d'autres pays
africains. Les bières sont généralement servies dans des bouteilles
intimidantes de 750 ml. Pourtant, ces jours-ci, demandez une bière et vous
êtes susceptible d'avoir une canette de Cuca ou la fizz beaucoup moins chères
et venues de l’Angola. Ce n'est pas seulement de la bière qui vient de l’Angola
mais en traversant les supermarchés Kinois on a même l’impression que tous les
autres produits semblent être d'origine angolaise.
Depuis plus d'un an, les produits angolais inondent la RD Congo, de sorte que, le 28 août, le gouvernement Congolais a annoncé qu'il interdisait les importations de quelques produits venant de l’Angola. Les hommes d'affaires congolais se plaignent qu'ils ne peuvent pas concurrencer les commerçants angolais, parce qu'ils ne visent pas à tirer profit, mais à acquérir des dollars (dont l'accès est restreint en Angola). Pourtant, ce n'est pas seulement la politique économique angolaise qui touche et enveloppe notre pays. Notre politique générale tout court est aussi scrutée de l’Angola.
Parmi les neuf voisins
de la RDC, aucun ne compte plus que l’Angola, hormis le Rwanda. La présidence
de Joseph KABILA, au pouvoir depuis 2001, dépend en grande partie du soutien
angolais sans lequel il ne serait plus au pouvoir. Mais alors que l'Angola
vient d’élire un nouveau président, pour remplacer José Eduardo Dos Santos, son
ancien dictateur depuis 38 ans, les relations entre les deux pays commencent à
tanguer.
L'Angola et le Congo
sont intimement liés par la géographie. Tout d'abord, le pétrole est le pilier
de l'économie angolaise. L’enclave du Cabinda, où une grande partie du pétrole
de l'Angola est produite, est séparée de l’Angola par la RD Congo. Une grande
partie de la production pétrolière offshore en Angola a lieu dans les eaux
congolaises. Deuxièmement, les deux pays ont une très longue frontière commune
de 2 600 km. Pendant la longue guerre civile en Angola, les ennemis
du MPLA, son Parti au pouvoir, ont trouvé en RDC une base arrière vitale et
utile pour déstabiliser l’Angola. Voilà pourquoi l’Angola a mis la RDC « au
sommet des priorités de sa politique étrangère » depuis 20 ans, affirme
Stephanie Wolters, de l'Institut des études de sécurité, un groupe de réflexion
en Afrique du Sud.
Parmi les nombreux pays
qui se sont mêlés au problème et aux conflits de la RDC depuis la fin de la guerre
froide, l'Angola a sans doute exercé l'influence la plus forte. Au cours de la
Deuxième guerre du Congo en 1998, lorsque le Rwanda et l'Ouganda ont tenté de
déposer Laurent KABILA, le soi-disant père de Joseph KABILA à l'époque, ce sont
les troupes angolaises (et zimbabwéennes) qui ont arrêté leur avancée. En 2001,
alors que la guerre faisait rage en RDC, Laurent KABILA a été assassiné.
L'Angola était l'un des nombreux pays ayant aidé à maintenir le calme et
surtout à influencer la désignation de Joseph KABILA comme nouveau président de
la RDC.
La RDC devient de plus en plus instable et inquiète l’Angola pour sa propre stabilité.
L'Angola a soutenu M. KABILA,
mais son soutien est limité. Quand il a refusé d'abandonner le pouvoir à la fin
de son deuxième mandat l'année dernière, comme l'exige la Constitution,
l'Angola l'a contraint à négocier avec l'opposition laquelle négociation avait
abouti à un accord de partage de pouvoir qui lui permettait de rester au
pouvoir pour une année de plus pendant que les élections devraient être
organisées au plus tard en décembre 2017.
Mais cet accord est en
lambeaux. Joseph KABILA prétend que l'insécurité rend impossible l'organisation
des élections. En 2016, un conflit sur la succession d'un chef traditionnel au
Kasaï, une région de la frontière angolaise, s'est transformé en une insurrection
sanglante contre le gouvernement. Plus d'un million de personnes ont été
déplacées, dont des dizaines de milliers ont inondé l’Angola.
Le 19 août, Sindika
Dokolo, un homme d'affaires congolais d'art qui est le beau-fils de M. Dos
Santos et d'autres militants congolais, ont publié un « manifeste »
qui demande à Joseph KABILA de démissionner sinon les Congolais sont invités à
la désobéissance civile s'il ne l'a pas fait d’ici à la fin de l'année. M. Dokolo,
qui a sûrement le soutien de son beau-père, a également rencontré Moïse KATUMBI,
un autre riche exilé congolais, qui aspire à remplacer Joseph KABILA.
L'activisme de M. Dokolo a nettement déconcerté les autorités Congolaises. En
juillet 2017, un tribunal l'a condamné par contumace à un an de prison
pour fraude immobilière.
M. Dos Santos, qui conserve une grande influence en Angola, craint le chaos en RDC et un successeur de Joseph KABILA hostile à l’Angola comme du temps de MOBUTU. Les Angolais gardent des souvenirs douloureux de ce malheureux passé pour leur pays. Pour ne pas revivre cette triste période, l’Angola depuis 20 ans, garde un œil vigilant sur tout ce qui se passe en RDC et est prêt à y envoyer son armée pour garantir ses intérêts. M. KABILA s'accroche étroitement à son trône, sans vraiment contrôler le pays.
La RDC devient de plus
en plus instable et cela inquiète l’Angola pour sa propre sécurité et
stabilité. L’Angola est de plus en plus inquiet et envoie de signes
d’exaspération à Joseph KABILA. C’est qui explique les sorties médiatiques de
SINDIKA DOKOLO. C’est qui explique aussi que l’Angola ait retiré ces
conseillers militaires de la RDC. Enfin, l’Angola qui était membre du Conseil
de Sécurité des Nations Unies avait voté la totalité des résolutions
contraignantes contre le régime KABILA. L’Angola tient à tout prix garantir ses
intérêts économico-politiques en RDC en ayant un mot à dire sur Joseph KABILA
et ou son potentiel successeur.
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