La violence avant le procès de Moïse KATUMBI soulève les enjeux de la crise politique en RDC.
Attaque physique contre le juge Jacques Mbuyi, réputé pour son impartialité.
C'est un
développement inquiétant qui est passé presque inaperçu par tous, sauf quelques
membres des médias occidentaux – la violence sur les juges chargés du procès en
appel de Moïse KATUMBI. Le mercredi passé, à la veille d'une audience qui avait
des implications importantes pour l'avenir politique de la RDC, des coups de
feu ont été tirés sur la maison du juge Jacques Mbuyi de la Cour d'appel de
Lubumbashi.
Le Jacques Mbuyi, largement reconnu pour son impartialité et pour son opposition aux tentatives du gouvernement de manipuler la loi, est maintenant dans un état critique et a été remplacé par un juge considéré comme beaucoup plus souple et proche du pouvoir en place. Le message aux autres juges était clair : c'est ce que vous pouvez attendre si vous ne jouez pas le jeu, écrit Colin Stevens
L'audience en
question concernait la condamnation de Moïse Katumbi, largement considérée
comme le candidat présidentiel le plus viable et crédible de l'opposition, sur
les accusations de fraude immobilière en juin 2016. Moïse Katumbi a été
condamné à trois ans de prison et a ensuite été obligé de fuir en Belgique, ou
il est en exil sous peine d'emprisonnement - ou pire - s'il rentre au pays.
Depuis la condamnation initiale, la présidente du Tribunal de paix de Lubumbashi, Chantal Ramazani Wazuri, a reconnu avoir été contrainte de signer le jugement de condamnation de Moïse KATUMBI, sous la menace. L’Église catholique du Congo et d'autres parties prenantes ont considéré le procès comme une manœuvre de Kabila pour écarter KATUMBI des élections présidentielles.
Au deuxième
jour de l'audience d'appel, ses avocats ont soulevé des questions de procédure,
les juges ont décidé de renvoyer l'affaire à la Cour constitutionnelle - où les
avocats de la défense ont déclaré que Katumbi pourrait avoir une chance pour un
procès équitable, bien qu'il ne puisse pas comparaître en personne.
Une protection de KATUMBI par la MONUSCO s’impose.
Les efforts
de plus en plus désespérés du gouvernement, pour utiliser le système judiciaire
pour éliminer Moïse Katumbi, viennent dans un contexte de la spirale de la
violence à travers le pays - des cas d’évasions de masse de prison, aux
enlèvements et à la violence des milices - et aussi une plus grande défiance
dans le système politique.
Mais, il est
encore temps de sauver la RDC pour qu’elle ne sombre pas dans le chaos qui a
ravagé le pays au début du siècle, et c'est là que l'Union Européenne pourrait
bientôt jouer un rôle majeur. Elle a un certain nombre d'options à sa
disposition : adopter des sanctions beaucoup plus larges et fermes contre le
régime et ses intérêts commerciaux, parler des tentatives du président
d'éliminer son principal adversaire et soutenir les efforts visant à protéger
Katumbi, entre autres.
La communauté
européenne peut également être appelée à garantir la sécurité de Moïse Katumbi
s'il retourne d'exil. Son avocat a déclaré qu'il avait pleinement l'intention
de respecter sa promesse de revenir en août, mais que cela dépendra de la
réaction de Kabila s’il lui donne la protection ou s’il reçoit une protection
internationale conformément à une pétition qu'il a déposée auprès des Nations
Unies en juin. La tentative d'assassinat, d’un des juges, à la veille de
l'audition de Katumbi montre qu’une telle protection sera nécessaire pour
protéger le seul candidat légitime à prendre les rênes au Congo.
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