RDC : Évasion de NE MUANDA NSEMI de MAKALA, beaucoup de questions, peu de réponses.
RFI, Radio France Internationale parle de près de
4600 personnes qui se sont évadés de la prison centrale de MAKALA le mercredi
17 mai vers 4 heures du matin. Vu le nombre des évadés et les circonstances de
cette évasion, plusieurs questions sans réponses nous viennent à l’esprit. Nous
craignions une opération de manipulation du régime pour, dans les jours et mois
à venir, terroriser la population de KINSHASA pour la contraindre au silence.
Mensonges et manipulations.
Plusieurs témoignages, à travers des médias en
ligne, de personnes évadées, parlent de jeunes gens armés seulement armés de
manchettes qui se sont introduits dans l’enceinte de la prison pour libérer les
prisonniers. Le ministre de la justice a déclaré à la radio TOP CONGO ceci :
« Des miliciens d'Une Muanda Nsemi ont attaqué avec des armes de guerre la prison [de Makala]. J’attends les précisions quant à l’heure. Ils ont réussi à faire évader Une Muanda Nsemi et plusieurs dizaines de prisonniers parmi lesquels plusieurs de ses adeptes» et « à première vue, les prisonniers emblématiques, à L'exception d'Une Muanda Nsemi, sont toujours dans le centre pénitentiaire. »
Il y a une grande contradiction entre le ministre,
qui parle des armes de guerre et les prisonniers eux-mêmes qui disent que les
MAKESA (miliciens de NE MUANDA NSEMI) n’avaient que de noix de cola et des
manchettes. Qui dit vrai ? Nous pensons que les prisonniers qui ont fait des
déclarations à la presse, n’avaient aucun intérêt à mentir contrairement au
ministre.
Deuxième contradiction, Monsieur le ministre nous
affirme dans ces déclarations que NE MUANDA NSEMI s’est évadé avec plusieurs de
ses adeptes et que les prisonniers emblématiques n’ont pas pu fuir.
Comment le ministre a su que les adeptes de NE MUANDA NSEMI ont fui avec lui pendant qu’ils n’étaient pas incarcérés dans le même pavillon ?
Comment le ministre pouvait-il affirmer que les «
emblématiques » étaient toujours là et que les adeptes de BDK n’étaient plus
là, pendant qu’aucune enquête n’était pas encore faite ? Il avait même donné le
chiffre d’une cinquantaine d’évadé. D’où a-t-il pris ce chiffre puisqu'un
responsable de l’administration pénitentiaire de MAKALA que nous avons contacté
vers 14 heures hier, était incapable de nous donner le chiffre exact du nombre
des évadés.
Lire aussi: "RDC : Assassinat des experts de l’ONU, la vidéo qui pose des questions sans donner des réponses".
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Il faudrait vérifier, un par un, la présence de
près de 8000 prisonniers pour identifier exactement qui manque à l’appel et en
connaitre le nombre. Les chiffres avancés par le ministre et l’identité de
certains évadés (adeptes de BDK) sont fantaisistes et relèvent du mensonge et
de la manipulation des Congolais.
L’inertie de la police et des gardiens de la prison.
Des sources concordantes parlent d’environ 1h30
comme durée totale des opérations de libération des prisonniers. Ou étaient la
police et les gardiens de la prison pendant un temps aussi long ? Nous savons
que la prison de MAKALA est la mieux gardée du pays parce qu’elle héberge les
prisonniers les plus célèbres et les plus craints par le régime.
L’inefficacité de la police et des gardiens de la prison de MAKALA pose problème. Elle est anormale pour ne pas dire voulue et préméditée.
Interdit de séjour dans sa province du Bas-Congo
après le massacre de membres de BDK par l’armée congolaise le 28 février 2008,
Né Muanda Nsemi s’est rapproché de KABILA en décembre 2015, après la grâce
présidentielle de neuf membres de BDK qui avaient été condamnés à perpétuité.
Une indemnisation de plusieurs millions de dollars comme compensation aux
victimes de BDK a été négociée et acceptée par les deux hommes. Ce deal a
poussé Né Muanda Nsemi à militer pour un glissement du pouvoir de 3 ans.
Comme d’habitude, KABILA n’a pas respecté le contrat qu’il a signé avec Né MUANDA NSEMI qui s’est fâché et a repris ses attaques. D’où son arrestation. On se souviendra que NE MUANDA NSEMI n’est pas encore condamné et que la justice, contre toute attente, avait demandé sa mise en résidence surveillée.
Quand on sait la dureté du parquet contre les
opposants, la décision d’une mise en résidence surveillée paraissait surprenante.
Pourquoi cette mansuétude de la justice à l’égard de NE MUANDA NSEMI? Même s’il
a été finalement jeté en prison, la décision du parquet devrait nous pousser à
réfléchir sur les vraies relations entre KABILA et NE MUANDA NSEMI.
L’évasion de Né MUANDA NSEMI serait voulue et contrôlée par le pouvoir.
Selon la police, de nombreux prisonniers dangereux
et auteurs des crimes crapuleux se sont également évadés. N’est-ce pas là les
prémisses d’un embrassement de KINSHASA ? Après avoir embrassé le KASAI, le
pouvoir veut mettre le feu à KINSHASA pour créer un chaos généralisé.
En réalité, la supposée évasion de NE MUANDA NSEMI est une opération d’enfumage pour faire monter la violence à KINSHASA. Y crée la peur, la panique et la désolation afin d’instaurer un état d’urgence pendant lequel un référendum constitutionnel serait organisé.
Le pouvoir n’instrumentalise-t-il pas le BDK et son
chef né MUANDA NSEMI comme il l'a fait avec les KAMUINA NSAPU ? L’évasion de Né
MUANDA NSEMI serait voulue et contrôlée par le pouvoir. On ne peut pas
comprendre l’inertie de la police et des gardiens. Comme dans l’assassinat de
deux experts de l’ONU, le pouvoir est à la manœuvre. Pour atteindre son seul
objectif. La modification de la constitution pour pérenniser KABILA à la tête
de la RDC.
Pour KABILA tous les moyens sont bons pour se
pérenniser au pouvoir. Il a choisi de diriger par le chaos. Seul moyen pour
lui, d’obtenir demain une révision constitutionnelle. Le peuple congolais est
tellement déterminé contre une modification de la constitution que seule une
utilisation massive de la force pourrait l’y contraindre et cela passe par un
état d’urgence. Ce à quoi les conseillers de KABILA travaillent.
Mata POLELE
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