Pourquoi la RDC refuse une enquête internationale sur les meurtres de deux experts de l’ONU ?
La justice congolaise se réveille de sa léthargie.
Avec une rapidité incroyable la RDC vient de lancer
deux enquêtes concernant les meurtres des experts de l’ONU. La première enquête
tentera de démêler les vrais du faux sur la vidéo qui montre l’exécution des
agents de l’ONU. La seconde enquête tourne autour du député national Clément
KANKU BUKASA accusé par une cassette audio d’incitation aux meurtres.
Ces deux enquêtes sont liées puisqu’elles
amèneraient à l’identification des commanditaires des assassins de Zaida
Catalan, la Suédoise et de l'Américain Michael Sharp, et aussi aux différents
massacres du KASAI depuis juillet 2016.
La justice congolaise connue pour sa lenteur maladive s’est, du coup, emballée. En un temps-record, elle aurait retrouvé la vidéo du crime qui accuserait les Kamuina Nsapu commence les assassins de ces deux crimes abominables. Et pourtant, nous savons que la plupart des crimes en RDC ne sont jamais résolus puisque aucune enquête sérieuse n’est diligentée. Les crimes des viols et des assassinats au KIVU, les massacres des militants de BDK aux Bas Congo et j’en passe n’ont jamais été jugés, donc les auteurs courts toujours.
Une fois n’est pas coutume, je m’en félicite de
cette rapidité mais je me pose une série de questions. Pourquoi cette rapidité
et surtout pourquoi la RDC refuse une enquête internationale sur les meurtres
de deux étrangers sur son sol ?
Refus des autorités congolaises d’une enquête internationale impartiale.
Le ministre des Affaires étrangères du Congo,
Leonard She Okitundu, a rejeté toute enquête internationale dans une interview
accordée à Radio France Internationale et a accusé certains membres du Conseil
de sécurité de l'ONU de vouloir discréditer le système judiciaire congolais.
Notre cher ministre oublie que la justice congolaise s’est discréditée
elle-même depuis son instrumentalisation abusive par le système KABILA.
Peut-on faire confiance à une justice qui autorise Moïse KATUMBI de se faire soigner à l’étranger et qui, en profite quelques jours plus tard, pour le faire condamner par défaut ? Peut-on faire confiance à une justice qui viole ses propres lois et qui peut statuer même si le quorum qu’elle s’est elle-même fixé n’est pas atteint ?
Peut-on faire confiance à une justice qui reste silencieuse quand des indices graves et concordants font état des crimes économico financiers graves au détriment du TRESOR PUBLIC (Panamá pampers, passeport biométrique, le scandale FPI etc.)? Peut-on faire confiance à une justice qui ne juge pas GEDEON KIUNGU qui a tué de centaines de Katangais ?
Personne ne fait confiance en notre justice même
She OKITUNDU, dans son for intérieur, sait que c’est une justice de pacotille,
des amis au service du pouvoir et non de la vérité. Dans une affaire où des
soupçons graves pèsent sur le pouvoir, le résultat de son enquête ne peut
qu’être orienté et sujet à caution. Voilà pourquoi la justice internationale
doit se saisir des crimes abominables, dans leur totalité, qui se passe dans le
KASAI. L’enquête doit être sérieuse et crédible. La justice congolaise, je suis
désolé de le dire, n’offre pas cette garantie.
Retrouver et condamner les commanditaires, pas seulement les exécutants.
Le refus des autorités congolaises d’accepter une
enquête internationale cache, en réalité, la peur et la crainte de se faire
coincer par les conclusions de cette enquête. Si nos autorités n’avaient rien à
cacher, rien à craindre, elles auraient accepté, sans rechigner, une enquête
internationale. Ce n’est pas la première fois qu’une enquête internationale se
fait sur le sol congolais.
Nous savons que, selon les éléments d’enquêtes
connues à ce jour, que ce soit la vidéo fournie par le gouvernement congolais
sur les meurtres des experts de l’ONU, que les enregistrements audio trouvés
dans l’ordinateur de CATALAN, tous semblent montrer l’implication active des
autorités de KINSHASA sur ces affaires. On comprend pourquoi nos autorités
doivent luter, bec et ongles, pour qu’aucune enquête impartiale ne soit
diligentée. Elles veulent sauver leurs peaux.
Malheureusement pour elles, tant qu’elles massacraient les Congolais, qui n’ont jamais été considérés comme des hommes, la communauté internationale, les laissait faire, ne s’en préoccupait pas. En s’attaquant aux Occidentaux, Zaida Catalan, la Suédoise et l'Américain Michael Sharp, elles ont commis une erreur fatale qui va, certainement leurs couter le pouvoir et pour certaines d’entre elles le Tribunal Pénal International CPI.
Dans une lettre envoyée au New York Times jeudi 25
mai, les familles de la Suédoise Zaida Catalan et de l'Américain Michael Sharp
ont également appelé à la mise en place d’une «équipe indépendante d'enquête
criminelle internationale pour aider à faire en sorte que les responsables de
ces crimes soient confrontés à la justice».
Les commanditaires doivent payer, pas seulement les
exécutants. La justice congolaise risque de condamner seulement les exécutants
et laisser tranquille les commanditaires qui se retrouvent au sommet de l’État.
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